À l’occasion de son dernier déplacement à Belfort en terre Franc Comtoise le 10 Février dernier, le président Macron a fait des annonces fortes en annonçant un large plan de relance du nucléaire en France avec un objectif clairement affiché de construction de 6 réacteurs EPR 2 à l’horizon 2050.
Ce plan de relance du nucléaire, bien qu’à long terme, va constituer une véritable révolution qui se caractérisera par la mise sur le marché de « vingt-cinq gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d’ici à 2050 ». La forte hausse de la demande et des besoins en électricité n’est pas étrangère à cette décision et constituera une hausse significative comparée aux 61 gigawatts actuellement produits par les centrales en fonctionnement.
Une décision qui vient prendre le contre-pied de la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie de 2020 qui prévoyait, à l’époque, la fermeture d’une douzaine de réacteurs et principalement les plus anciens.
Le président sortant qui semble lancer sa campagne n’a pas hésité à indiquer « Il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France » sans manquer d’adresser à ses concurrents candidats à la présidentielle qui « affirment que nous n’aurions pas besoin [du] nucléaire »
Et même s’il reconnaît que la catastrophe de Fukushima a constitué un frein dans l’acceptation du nucléaire à l’échelle mondiale, il ne manque pas de dire « Certaines nations ont fait des choix radicaux dans cette période [en tournant] le dos au nucléaire. La France n’a pas fait ce choix, elle a résisté mais elle n’a pas réinvesti parce que ce doute était là. » Mais, désormais, « il y a rupture du temps passé », les conditions sont maintenant réunies pour la « renaissance nucléaire ».
Six réacteurs de type EPR 2 d’ici à 2050
Emmanuel Macron a clairement annoncé sa volonté de construire six réacteurs nucléaires EPR 2 pour 2050 avec un premier qui verrait le jour en 2035 selon ses souhaits.
Il ne s’arrête pas là en projetant l’éventualité d’un projet qui ferait naître 8 nouveaux EPR2, mais cela reste au stade de l’étude et les prévisions sont à une procédure par paliers selon le président.
C’est au printemps 2021 qu’EDF avec soumis au gouvernement son projet de construction de 6 EPR2 sur des sites déjà existants et au rythme de deux par deux :
- D’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe
- Puis à Gravelines (Nord)
- Et enfin au Bugey (Ain) ou au Tricastin (Drôme).
En comparaison avec le seul EPR actuellement en construction en France à Flamanville dans la Manche qui se distingue par les nombreux retards et sous-estimation de budget, il semble que la construction de l’EPR2 soit beaucoup plus simple dans la réalisation car bénéficiant de nombreux préfabrication en amont selon les informations transmises par EDF.
Selon la Cour des comptes, cette fois-ci, les enjeux financiers sont importants car la construction de 3 EPR2 représenterait un coût de construction estimé à 46 milliards d’euros.
La magistrature, quant à elle, à indiquer il y a peu de temps « une incertitude en termes de capacité à construire un nouveau parc de réacteurs dans des délais et à des coûts raisonnables ».
D’un point de vue structurel, les EPR2 seront complémentés par des SMR (Small Modular Reactors), autrement dit des petits réacteurs modulables qui produiraient moins de déchets avec une volonté chiffrée d’atteindre 25 GW de nouvelle capacité nucléaire d’ici à 2050. Ce qui représenterait une véritable révolution selon les experts qui se justifie, néanmoins, par des besoins en électricité toujours plus croissants.
Prolongation au-delà de cinquante ans de la durée de vie de « tous les réacteurs qui peuvent l’être »
Le président de la république a également indiqué qu’il envisageait de « prolonger [la durée de vie de] tous les réacteurs qui peuvent l’être » au-delà de 50 ans si cela est possible. Un véritable pied de nez aux objectifs énoncés en 2018 qui consistaient à fermer 14 centrales à l’horizon 2035…
M.Macron motive cela en disant : « J’ai pris deux décisions fortes : prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être, sans rien céder sur la sûreté » et « qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir (…), sauf raison de sûreté », a-t-il dit, précisant avoir demandé à EDF d’« étudier les conditions de prolongation au-delà de cinquante ans ».
Sur la vente des turbines à General Electric en 2015
À propos de la vente de l’usine Alstom de Belfort à Général Electric en 2015, Le président s’est défendu en disant que c’était cette solution ou l’arrêt complet de l’usine qui produit des turbines équipant les centrales nucléaires.
Et c’est au moment du rachat de ce site par EDF que le président en a profité pour évoquer à nouveau les conditions qui ont conduit à l’arrêt des activités alors qu’il était, alors secrétaire général adjoint de l’Elysée (2012-2014) et ministre de l’économie (2014-2016).
Il en a, d’ailleurs, profité pour se défendre en mentionnant « J’étais collaborateur [de François Hollande] à l’époque », a-t-il rappelé, « et ce n’était pas l’Etat qui était à la tête d’Alstom ». « C’était le choix d’une entreprise privée » indiquant par ailleurs que le ministre de l’industrie de l’époque Arnaud Montebourg n’avait été au fait de cette transaction que très peu de temps avant qu’elle intervienne et alors même que les documents étaient signés
Et il surenchérit en disant que malgré toutes les actions du gouvernement d’alors pour trouver une issue différentes l’opération s’est faite non sans amertume.
Implanter cinquante parcs éoliens en mer pour 2050
En plus de ce projet de 6 EPR2, le chef de l’état en a profité pour annoncer son objectif d’équipe la France de pas moins d’une cinquantaine de parc éoliens marins afin de produire le chiffre très ambitieux de « 40 gigawatts en service en 2050 »
Sur sa lancée, il a également annoncé souhaiter doubler la capacité de l’éolien terrestre même si l’augmentation est moins rapide qu’ambitionne à l’origine. Et afin d’y parvenir, il a également annoncé sa volonté de multiplier « par près de dix la puissance installée » de l’énergie solaire « pour dépasser 10 gigawatts ». « Il nous faut développer massivement les énergies renouvelables », a-t-il dit, « tout simplement parce que c’est le seul moyen de répondre à nos besoins immédiats en électricité là où il faut quinze ans pour construire un réacteur nucléaire ».
Dans le récit de ses souhaits Emmanuel Macron à toutefois reconnu que de nombreux retards ont été pris en raison des nombreuses couches réglementaires qui ont coûté près de 5 ans de procédure dans le simple but de faire naître un parc solaire.
C’est la raison pour laquelle en voulant limiter cette augmentation à 4% le gouvernement prend en En ce sens il a annoncé souhaiter lever « toutes les barrières réglementaires à partir du moment où les projets seront acceptés localement »